14 ans; déjà

C’était un 17 juillet, ou plutôt c’est encore un 17 juillet…  il y a 14 ans et la journée reste encore ancrée dans mes souvenirs.

J’ai dû passer les 10 années suivantes à me questionner sur les raisons et motivations de ton geste et surtout à ne rien comprendre.

Après 10 ans,  je ne comprenais toujours pas pourquoi Faf, même si j’étais tombé bien bas… il y a avait toujours un bout de lumière, il y a avait toujours une main pour agripper mon épaule à la dernière seconde de perdition, un sourire pour me réjouir. C’est pour ça que je n’arrivais pas à comprendre…

Après 14 ans, je commence à comprendre, non je comprends trop bien maintenant…

Je comprends le désir de disparaître, de recommencer, de se faire oublier à tout jamais. Je comprends l’absence de désir de s’améliorer, de continuer, d’aimer, de vivre… Je comprends la haine viscérale des autres qui t’habitait, je comprends Faf…

Je comprends l’abnégation totale, ce qui nous fait considérer que le monde ne pourrait que mieux se porter sans nous. Avec la rage, la haine et la tristesse qui nous habitent, faisons nous vraiment de ce monde un monde meilleur ? Je comprends maintenant que la réponse est sûrement non.

Je comprends maintenant pourquoi tu t’es envolé, les poignets triturés, du plus haut pont. Les hommes ne sont pas faits pour voler… quand on essaye de monter, on tombe. Plus on essaye, plus on tombe de haut et plus l’atterrissage est douloureux.

Je comprends tellement bien, que souvent je crois qu’une partie de moi s’est envolé avec toi, à jamais.

Je comprends tellement bien, que je crois avoir enterré ma joie de vivre à tes côtés.

Je comprends tellement bien, que souvent, j’ai le goût de te rejoindre.

À 17 ans, tu as pris la décision d’arrêter et moi, 14 ans plus tard, je commence à comprendre.